Sujet de brevet :
George Sand,
Histoire de ma vie
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George Sand (1804-1876), née Aurore Dupin, a grandi au château familial de
Nohant, près de la petite ville de La Châtre,
au bord de la
Loire. En 1830,
elle se sépare de son mari et s'installe seule à Pans, où elle décide de
s'habiller désormais en homme.
Moi, j'avais l'idéal(1)
logé dans un coin de ma cervelle, et il ne me fallait que quelques jours
d'entière liberté pour le faire éclore. Je le portais dans la rue, les pieds
sur le verglas, les épaules couvertes de neige, les mains dans mes poches,
l'estomac un peu creux quelquefois, mais la tête d'autant plus remplie de
songes, de mélodies, de couleurs, de formes, de rayons et de fantômes. Je
n'étais plus une dame, je n'étais pas non plus un monsieur. On me poussait
sur le trottoir comme une chose qui pouvait gêner les passants affairés.
Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire. On ne me
connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas : j'étais un
atome perdu dans cette immense foule. Personne ne disait comme à
la Châtre : "Voilà
madame Aurore qui passe ; elle a toujours le même chapeau et la même robe" ;
ni comme à Nohant : "Voilà not'dame qui poste(2)
sur son grand chevau ; faut qu'elle soit dérangée d'esprit pour poster comme
ça." A Paris, on ne pensait rien de moi, on ne me voyait pas. Je n'avais
aucun besoin de me presser pour éviter des paroles banales ; je pouvais
faire tout un roman d'une barrière(3)
à l'autre, sans rencontrer personne qui me dît : "A quoi diable pensez-vous
?" Cela valait mieux qu'une cellule(4),
et j'aurais pu dire avec René, mais avec autant de satisfaction qu'il
l'avait dit avec tristesse, que je me promenais dans le désert des hommes(5).
George Sand, Histoire
de ma vie, Quatrième partie, chapitre XIV, 1854
(1) : idéal : ici, ce dont elle rêve, ce qu'elle rêve de faire
(2) : poster : aller rapidement à cheval
(3) : barrières : portes aux différentes entrées de la ville de Paris
(4) : cellule : chambre très simple d'un moine dans un monastère
(5) : désert des hommes : expression extraite de René, roman de
Chateaubriand (1802)
I - Le portrait d'une femme originale
1.
Moi, j'avais l'idéal logé dans un coin de ma cervelle, et il ne me
fallait que quelques jours d'entière liberté pour le faire éclore. Je le
portais dans la rue, les pieds sur le verglas, les épaules couvertes de
neige, les mains dans mes poches, l'estomac un peu creux quelquefois, mais
la tête d'autant plus remplie de songes, de mélodies, de couleurs, de
formes, de rayons et de fantômes.
Dans ce passage, quelle figure de style George Sand utilise-t-elle pour se
décrire ?
2.
Dans ces mêmes lignes, quelles expressions montrent que George Sand vit dans
l'inconfort ?
3.
"Je n'étais plus une dame, je n'étais pas non plus un monsieur". Liez
ces deux propositions en utilisant une conjonction de coordination.
4.
Quel lien logique avez-vous mis en valeur ?
5.
Expliquez la différence entre "femme" et "dame".
6.
Ce texte contient trois passages au discours direct. Relisez les deux
premiers. Quel est le niveau de langue de chacun d'eux ?
7.
Proposez deux qualificatifs qui résument les commentaires faits sur George
Sand.
8.
En conclusion, indiquez en quelques lignes les traits essentiels du portrait
que George Sand fait d'elle-même.
II - "Le désert des hommes"
9.
"On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas
[...] on ne pensait rien de moi, on ne me voyait pas". Quelle figure de
style est utilisée ici ?
10.
Qui est "on" ?
11.
Par quel pronom indéfini "on" est-il repris deux fois dans le texte ?
12.
On me poussait sur le trottoir comme une chose qui pouvait gêner les
passants affairés. Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire.
On ne me connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas :
j’étais un atome perdu dans cette immense foule.
Dans ce passage, relevez les deux groupes nominaux qui désignent les
Parisiens.
13. On ne me
connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas : j'étais un
atome perdu dans cette immense foule. Personne ne disait comme à
la Châtre
: "Voilà madame Aurore qui passe ; elle a toujours le même chapeau et la
même robe" ; ni comme à Nohant : "Voilà not'dame qui poste(2) sur son grand
chevau ; faut qu'elle soit dérangée d'esprit pour poster comme ça."
Dans ce passage, relevez une comparaison.
14.
Relevez une métaphore dans ces mêmes lignes.
15.
Que signifie l'expression "désert des hommes" ?
16. Cela valait mieux
qu'une cellule, et j'aurais pu dire avec René, mais avec autant de
satisfaction qu'il l'avait dit avec tristesse, que je me promenais dans le
désert des hommes.
Est-ce une phrase simple
ou une phrase complexe ? Analysez les propositions de cette phrase. Combien
y en a-t-il ? Comme sont-elles reliées ?
17.
Quel sentiment George Sand éprouve-t-elle dans ce "désert des hommes" ?
Justifiez votre réponse en citant le texte.
18.
Lignes 14 à 19 : Quel verbe résume ce que fait George Sand de son "entière
liberté" dans Paris ?
19.
En conclusion, dites en quelques lignes pourquoi George Sand a trouvé à
Paris les conditions nécessaires pour devenir écrivain.
20. REECRITURE
"Cela m'était bien égal, à moi qui n'avais aucune affaire. On ne me
connaissait pas, on ne me regardait pas, on ne me reprenait pas."
Réécrivez ce passage au conditionnel passé
(temps employé dans la forme : "j'aurais pu..." ligne 15), en employant la
première personne du pluriel à la place de la première personne du
singulier.
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